Perspectives

FAVORISER UNE RELANCE VERTE

L'Europe et ses voisins sortent de l'année la plus difficile depuis des décennies. Une reprise économique verte promet de nouveaux emplois et un développement durable à long terme, et le Green for Growth Fund (GGF) est au cœur de cette opportunité.

Près d'un an s'est écoulé depuis le lancement, par la Commission européenne, de son ambitieux « Green Deal », une nouvelle stratégie de croissance économique visant à réduire l'impact environnemental tout en créant des emplois et en assurant une transition équitable pour tous. Avec un objectif zéro émission nette d'ici 2050 et une réduction de moitié des émissions de carbone d'ici 2030, le Pacte vert pour l’Europe représente la plus grande refonte politique de l'UE dans l'histoire. Pourtant, en décembre 2019, alors que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, présentait ces initiatives, un nouveau coronavirus faisait son apparition en Chine.

En mars, alors que la pandémie mondiale de la Covid-19 faisait rage dans toute l'Europe, les pays ont été contraints de recentrer leurs priorités de dépenses sur cette crise sanitaire et économique sans précédent. La région toute entière est encore très touchée par la pandémie.

Partout dans le monde, les gouvernements ont imposé, à des degrés divers, des mesures de confinement et de distanciation sociale qui limitent les activités de milliards de personnes. Des avions restent cloués au sol, des véhicules au parking, des industries et des entreprises sont fermées depuis de longues périodes. L'absence de demande de combustibles fossiles a provoqué un effondrement des prix du pétrole si sévère que le prix du baril a plongé sous zéro en avril.

Nous ignorons quand cette pandémie prendra fin, mais de nouveaux vaccins efficaces ayant obtenus l'approbation réglementaire nous offrent une voie de sortie. Sur l'efficacité de l'immunisation de masse reposent la fin de la pandémie et la relance des économies. Au niveau mondial, nous vivons actuellement la plus grave récession depuis la Seconde Guerre mondiale, avec des économies qui devraient se contracter de 4,4 % à près de 8 % en 2020, selon les estimations du FMI et de la Banque mondiale. Les prévisionnistes annoncent une lente reprise pour 2021.

Toutefois, cette reprise aura un impact durable sur la planète dans les décennies à venir. Pour le GGF, investir dans le passage à un développement durable offre une solution essentielle à nos crises économiques, sociales et sanitaires interdépendantes, notamment en créant des emplois, en renforçant les nouveaux marchés et en améliorant la qualité de l'air au moment où cela est le plus nécessaire.

« Si nous voulons investir à échelle mondiale, autant, et de loin, investir dans une reprise qui soit à la fois solide et verte », déclare Lloyd Stevens, directeur de Finance in Motion, le conseiller en investissement du GGF, basé à Francfort-sur-le-Main. Le GGF est un fonds d'investissement public-privé qui œuvre avec des banques locales et d'autres institutions financières pour canaliser un financement vert dédié aux entreprises et aux particuliers, tout en offrant un financement direct.

Face à une crise économique et humanitaire de cette ampleur, d’aucuns font valoir que nous ne pouvons pas nous permettre le « luxe » des préoccupations environnementales, et que nos économies devraient être relancées à tout prix. Certaines voix s'élèvent ainsi pour demander le report des mesures du Green Deal européen. Mais la Commission défend fermement sa stratégie de croissance et décrit la crise de la Covid-19 comme une opportunité pour un redémarrage vert des économies européennes - un message qui se répand dans toute la région. Elle bénéficie d'un large soutien public : d’après les sondages, l'attitude des Européens à l'égard du Green Deal non seulement reste généralement positive, mais s’est même améliorée tout au long de la crise du coronavirus. Les populations, ayant goûté à un air nettement plus pur et ayant pu apprécier la résurgence de la nature grâce à la réduction des activités humaines durant les confinements, sembleraient de pas vouloir revenir à la « normale » polluée d'autrefois.

Fin mai, la Commission a adopté un budget et un fonds de relance économique - Next Generation EU - pour accélérer la transition verte et numérique de l'Europe. En juillet, le Conseil européen a adopté un plan de relance fondé sur le Green Deal. Dans le même temps, l'UE a convenu d'un investissement substantiel de 85,5 millions d'euros dans le GGF pour soutenir ses voisins régionaux durant la crise et appuyer leur relance verte après la pandémie.

« Le GGF est un canal pour le Green Deal - nous offrons un moyen de le faire opérer sur le terrain dans le voisinage de l'UE", déclare Olaf Zymleka, président du GGF. « Grâce aux outils de financement que nous proposons, nous contribuons à mettre les pays voisins en conformité avec les objectifs climatiques de l'UE, en les aidant à respecter leurs engagements et à atteindre leurs objectifs. »

Le GGF investit dans des projets d'énergies renouvelables et dans des mesures visant à réduire la consommation d'énergie, l'utilisation des ressources et les émissions de CO2. Le Fonds est actif depuis plus de dix ans et fournit plus de 1,1 milliard d'euros de financement à plus de 40 000 bénéficiaires sur 19 marchés d'Europe du Sud-Est, de Turquie, de la région d'Europe de l'Est voisine, du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. Ce dernier investissement de l'UE réduit aussi efficacement les risques pour d'autres investisseurs et a déjà permis de mobiliser d'autres fonds privés, dont 30 millions d'euros auprès d'une grande compagnie d'assurance européenne.

L'ampleur et la gravité de la crise de la Covid-19 ont obligé les gouvernements à aider les chômeurs et les personnes démunies, ainsi qu'à soutenir les entreprises et l'industrie. Il est temps, pour les gouvernements, de forger une nouvelle relation avec le secteur privé, en l'aidant à se transformer, à se maintenir à flot, mais aussi à assurer son développement durable afin de pouvoir atteindre les objectifs d'émissions de carbone et de maintenir le monde en deçà d'un seuil de réchauffement dangereux. L'utilisation de l'argent public pour encourager les investissements privés dans les technologies à faible émission de carbone s'est avéré efficace par le passé et est particulièrement important pour les économies frappées par la pandémie. La transition vers une économie verte crée de nouveaux emplois à une époque où ils manquent cruellement, notamment dans le domaine des infrastructures - de la construction d'installations d'énergies renouvelables à la modernisation d'infrastructures existantes pour améliorer l'efficacité énergétique.

Pour les voisins de l'UE, les autres avantages d'une transition verte sont nombreux : l'alignement sur les normes environnementales de l'UE améliore les perspectives commerciales de la production et de l'industrie ; la réduction de l'utilisation de l'énergie et des ressources améliore les moyens de subsistance et réduit la pauvreté ; et la réduction de la pollution améliore la santé et le bien-être. Durant cette crise, le GGF est en mesure de réagir rapidement, en aidant à canaliser les financements verts par l'intermédiaire de partenaires financiers locaux de confiance vers les personnes et les entreprises les mieux à même de les utiliser. Outre le financement direct des projets, le Fonds investit également de manière considérable dans les capacités des institutions financières et des entreprises afin de véritablement entreprendre la transformation verte et de sensibiliser les emprunteurs.

« Lors de notre première réunion du conseil d'administration de l'année, début avril, nous nous sommes montrés proactifs, en proposant déjà un plan de relance écologique en réponse au choc », explique M. Stevens. « Ainsi, nous avons réalisé le besoin accru de liquidités à court terme, et avons décidé d'adapter le GGF pour inclure temporairement le fonds de roulement, pour les 12 prochains mois, afin d'aider les entreprises à traverser le choc financier initial. »

« Il ne s'agit pas de mettre de côté nos priorités écologiques », souligne Zymelka, « mais de s'assurer que les banques sont en mesure de fournir aux clients les liquidités dont ils ont besoin pour survivre aux 6 à 12 prochains mois, afin de leur permettre des investissements verts lorsqu'ils sont prospères. »

Par ailleurs, le GGF a rapidement élaboré et mis en œuvre son plan de relance vert pour aider à surmonter les difficultés causées par la pandémie, dont des ajustements d'éligibilité offrant plus de souplesse aux banques pour octroyer des prêts destinés à l'achat de nouveaux équipements efficaces, et réaliser des investissements dans des secteurs essentiels comme la santé, la transformation alimentaire et l'agroalimentaire.

Le programme d'assistance technique du fonds soutient également les entrepreneurs verts par le biais de son initiative de soutien à l'innovation verte en phase de démarrage. Les jeunes entreprises sont parmi les plus touchées par la crise actuelle et cette initiative aide directement ces entreprises vertes à maintenir leur viabilité et à s'adapter aux nouvelles demandes du marché. Il collabore avec 11 entreprises de la région cible du GGF sur diverses thématiques, aidant par exemple une start-up égyptienne qui fabrique du biodiesel à partir de déchets alimentaires à passer à la production durable de désinfectant pour les mains.

« Il ne faut pas confondre investissement environnemental et investissement inutile », souligne Zymelka. « Les investissements environnementaux sont de véritables moteurs d'emploi, par exemple dans le domaine de l'efficacité énergétique des particuliers, avec l'isolation et la rénovation des bâtiments. Les investissements écologiques aussi sont un moteur de la compétitivité de l'industrie, car les processus et équipements de production modernes permettent d'obtenir des produits de meilleure qualité, moins chers et à faible émission de CO2. »

« Toute une série de raisons justifient le soutien aux investissements verts dans le cadre d'une stratégie de relance. » Le GGF se trouve au cœur de cette opportunité.